la Citadelle d'Obsidienne est d’abord un magnifique objet. Sa typographie ouvragée est étonnement lisible et fluide. La calligraphie héraldique qui scande ses pages suscite pour le lecteur à la fois rêverie et une infinie curiosité pour les mystères qu’elle recèle. Les commentaires en bords de page y trouvent naturellement leur place, et enrichissent à chaque fois le récit, en ouvrant souvent une autre question. On y tourne les pages avec respect, admiration et envie.
J’ai pris un très grand plaisir à la lecture de ce récit-labyrinthe. Son style narratif s’apparente à la fois à celui des contes pour enfants et des textes érudits : il parle autant aux amateurs de légendes et de récits chevaleresques qu’aux savants, initiés et alchimistes. Le récit traverse sans contraintes le passé, le présent et le futur, depuis la quête d’Alexandre le Grand, les périodes mouvementées de l’Antiquité, du Moyen-Age et de la Renaissance, à nos jours, et après. Il traduit les belles langues, certaines encore actuelles, l’arabe, d’autres perdues, oubliées - le macédonien – ou revivifiées - l’occitan, le latin – sur tous supports, papyrus, peaux de chèvre, palimpsestes. Il traverse tous les espaces qui confluent vers la Méditerranée et ses îles, présentes, fabuleuses, ou disparues, que sillonnent les pirates corsaires, les Hospitaliers ou autres aventuriers, malfrats, guerriers ou rêveurs : depuis l’extrême Chine, la Mongolie et la Tartarie, les rives de Constantinople et de l’Anatolie, de Malte, de la Sicile, jusqu’aux îles d’or et… Porquerolles, à laquelle, pour l’atteindre, il faudra attendre le livre II.
En attendant, il faut déguster la lecture du Livre I, le lire lentement, revenir en arrière et sauter en avant, "le lire, le lire, et le relire", comme font les chercheurs. Last but not least, les paysages traversés, mer couleur cyan, ports et terres, sont captés à vif, et les portraits des personnages sont précis, riches, attachants : l’auteur fouille l’intime de ses héros, qui deviennent alors miroirs de chacun des lecteurs. Chacun d’eux en effet est amené, page après page, à oser " affronter son dragon, yeux dans les yeux", oser " le dompter plutôt que le tuer".
Retour de lecture de O.S. d'Aix-en-Provence